David (1501-1504), sculpture en marbre de Michel-Ange.
(Galerie de l'Académie, Florence).
Ph. © Raffael/Leemage
L'un des plus grands artistes de la Renaissance, Michel-Ange (6 mars 1475 - 18 février 1564), auteur entre autres des fresques de la Chapelle Sixtine, fut homosexuel. En témoignent les quelques lignes de cette lettre historique où, profondément épris d'un jeune homme renommé pour sa beauté saisissante, l'artiste vieillissant lui déclare sa flamme sans détour. Un document historique !
Michel-Ange à Tommaso Cavalier : "L'objet aimé nourrit et le corps et l'âme"
Lundi 28 juillet 1533 ?
Mon cher Seigneur,
Si je n'avais pas cru vous avoir assuré à Rome de l'amour très
grand, je dirais même démesuré, que j'ai pour vous, je n'aurais pas trouvé si
étrange et ne me serais pas étonné de votre crainte que je vous aie oublié
puisque je ne vous ai pas écrit.
Mais comme tant de choses vont de travers, ce n'est guère
surprenant qu'il en aille de même pour celle-ci. Car ce que Votre Seigneurie me
reproche, je pourrais également le lui retourner. Mais sans doute faites-vous
cela pour me tenter, ou peut-être pour rallumer un feu nouveau ou plus grand,
si jamais il pouvait être plus grand. Mais quoi qu'il en soit, je sais très
bien que je ne peux désormais oublier votre nom, pas plus que je ne pourrais
oublier la nourriture qui me fait vivre ; ou mieux, je pourrais oublier plus
tôt la nourriture qui me fait vivre, et qui ne nourrit misérablement que mon
corps, que votre nom, qui nourrit aussi bien mon corps que mon âme - comblant
l'un et l'autre d'une telle douceur que je ne puis éprouver ni ennui ni
angoisse de la mort aussi longtemps que je le garderai en mémoire. Imaginez
donc dans quel état je me trouverais si mes yeux aussi avaient encore leur
part.
Et même si vous en étiez et en êtes sûr, vous deviez et devez
penser que celui qui aime a une mémoire très grande, qu'il peut oublier les
choses ardemment aimées autant qu'un homme affamé la nourriture qui le fait
vivre. Je dirais même que l'homme peut bien moins oublier l'objet aimé que la
nourriture dont il vit, car l'objet aimé nourrit et le corps et l'âme - l'un avec
une très grande sobriété, l'autre avec une heureuse tranquillité et avec
l'attente du salut éternel. [...]
Michel-Ange
Source texte: MICHEL-ANGE, Carteggio. Correspondance, éd. Les
Belles Lettres, 2011.
https://www.huffingtonpost.fr/nicolas-bersihand/michel-ange-homosexualite_b_6800204.html
Source article https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Michel-Ange-page-3.html