Ce plasticien a influencé Pierre et Gilles et David Lachapelle
mais demeure inconnu du grand public. Portrait d’un chaînon manquant de la
culture « gay kitsch » qui s’expose enfin à Paris.
C’est l’histoire d’un génie ignoré. Un inventeur de la culture queer dont on aurait (presque) oublié le nom. Pourtant, dans les années 60, le photographe James Bidgood a jeté les bases du « gay kitsch ». Sans lui, pas de Pierre et Gilles ou de David Lachapelle.
L’artiste James
Bidgood, pionnier de la cause LGBTQ, est décédé à 88
ans au début de cette année, à la suite de complications du Covid-19.
C’était une figure singulière, repoussant les limites de la photographie et du
cinéma à une époque où l’homosexualité, le travestissement et la nudité
frontale masculine étaient criminalisés. Mais ni le sectarisme, ni la haine, ni
les persécutions n’ont empêché Bidgood d’accomplir son travail.
En 1951, alors qu’il n’a que 18 ans, Bidgood saute dans un bus
Greyhound pour New York où il deviendra, au fil des 70 années suivantes, un
artiste reconnu. Bidgood gardera le souvenir du soleil d’été miroitant sur les
trottoirs, du béton scintillant comme ses rêves de glamour et de célébrité à
Broadway – rêves qu’il réalise rapidement, sous le nom de Terri Howe, au Club
82, légendaire club drag queens de East Village fréquenté par les icônes
hollywoodiennes.
Designer de vêtements pour les fêtes de la jet-set, Bidgood
crée des robes fabuleuses tout en mettant de côté des morceaux de taffetas, de
mousseline et de dentelle, des plumes, des paillettes et sequins pour réaliser
ses propres créations. Dans l’intimité de son appartement du centre-ville de
Manhattan, Bidgood aménage un studio où il met en scène ses visions
fascinantes, dignes d’un film musical de la Metro-Godwyn-Mayer.
Mais l’on vit des jours sombres, dans l’Amérique de McCarthy : c’est l’époque d’une chasse aux sorcières explicitement homophobe, la « peur violette » s’ajoute à la « peur rouge ». Au même titre que les communistes, les homosexuels, soupçonnés
d’être des « traîtres » en puissance, sont censés représenter un risque pour la sécurité nationale, et l’on assiste à des purges massives au sein du gouvernement.
Au grand jour
Oeuvrant contre le sectarisme et l’exclusion institutionnalisés, Bidgood se retire dans son studio pour y inventer son propre vocabulaire. Inspiré par des artistes tels que Quaintance, Maxfield Parrish ou Hans Richter, Bidgood féminise splendidement le nu masculin en lui apportant romantisme et mystère, et crée un univers merveilleux où s’épanouissent le plaisir et la beauté. Ses mises en scène publiées, dans les années 1960, par des magazines homoérotiques de « fitness » tels que Muscleboy, Adonis et The Young Physique, se démarquent totalement des photographies d’un Bob Mizer, d’un Jim French ou d’un Bruce of Los Angeles, représentant l’homme américain sous les traits d’un monsieur muscle, à la manière de l’iconographie Playboy.
Le moment est idéal, pour Bidgood, de sortir de sa retraite : les allégories fantastiques du désir homoérotique sont devenues populaires. Le glamour et le faste envahissent la pop culture, la photographie, la mode et l’art, comme en témoigne le travail d’artistes tels que Pierre et Gilles, Steven Arnold, David LaChapelle ou Aaron Cobbett, tous inspirés par l’œuvre de Bidgood. « The Lavender Flair », actuellement présentée à la galerie new-yorkaise Clamp en même temps que l’exposition « Unsen Bidgood: A Memorial Exhibiiton, Photographs by James Bidgood (1933-2022) », rassemble leurs œuvres ainsi que celles de Lori Nix / Kathleen Gerber et Lissa Rivera, afin d’explorer l’impact du travail de Bidgood sur les nouvelles générations d’artistes.
Rêveries d’une icône
*« L’art est un outil privilégié pour approfondir la
sexualité. James Bidgood a vécu et travaillé à un moment riche de sens, l’aube
de la légalisation de la pornographie gay », note la photographe Lissa
Rivera, organisatrice de la grande rétrospective « James
Bidgood: Reveries » au Museum of Sex de New York, en 2019.
Parcourant les archives de Bidgood, Lissa Rivera a pu explorer ses conditions
de travail0
source de l'article Blind magazine
Éloge de la communauté LGBTQ de Londres, des années 1980 à
aujourd’hui
Une nouvelle exposition rend hommage aux personnes qui ont fait avancer la cause au Royaume-Uni.
film Pink Narcissus the beauty of queer Capture du film “Pink Narcissus” (1971)
https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Bidgood
https://www.lesinrocks.com/actu/folle-histoire-de-james-bidgood-precurseur-kitsch-1775-03-01-2017/
https://www.fugues.com/2022/02/01/mort-du-photographe-et-cineaste-james-bidgood/
http://www.artnet.fr/artistes/james-bidg
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