Il est
difficile encore aujourd'hui pour un garçon de pratiquer la danse classique
aussi bien en discipline de loisirs que pour envisager un avenir professionnel.
Il paraitrait que les garçons la pratiquant sont des mauviettes. C'est un
préjugé car pour faire du ballet classique il faut au contraire avoir du
caractère, de l'endurance et de la force physique.
On peut dire
que la société influe sur nos comportements et nous programme pour faire
des choix en fonction de notre sexe. Les filles jouent à la poupée, les garçons
aux voitures et trains électriques. Cela se retrouve dans le monde du travail
comme par exemple le secteur des sages- femmes où on trouve très peu d'hommes.
On constate
que le garçon qui veut danser va devoir se confronter à l'opposition de ses
parents et à la moquerie des copains.
Les écoles
de danses sont désertées par les garçons. Souvent lorqu'ils s'inscrivent ils le
font très souvent en cachette. Ils arrêtent la pratique en cours de route.Pour
attirer les éléments masculins certaines proposent des bourses d'études.
Certains
attendront de passer l'adolescence et d'avoir la maturité nécessaire pour
enjamber et ne prêter aucune attention aux moqueries.
On voit
aussi pour les garçons issus de l'immigration une difficulté
supplémentaire car de par leur culture un garçon ne doit pas danser que ce soit
du classique ou autre. Kamel OUALI , par exemple, a été inscrit dans un cours
de danse par sa mère, mais en cachette de son père.
Le monde de
la danse masculine est largement associé à l'homosexualité.
Le
sociologue Pierre-Emmanuel Sorignet souligne les dimensions sexuées et
sexuelles du métier (la danse c'est pour les filles et les "pédés")
qui prend pour point de départ le caractère féminin du métier et le lieu
commun de l'homosexualité. La danse permet peut-être à certains homosexuels
masculins de vivre leur sexualité de manière plus sereine que dans d'autres
milieux professionnels. On peut avancer que l'engagement dans le métier de
danseur peut-être l'affirmation d'une identité masculine homosexuelle,
l'appropriation de dispositions féminines.
Malgré
tout il ne faut pas en faire une généralité, certains garçons venant
aussi à la danse pour rencontrer les filles.
L’enseignement
du danseur a évolué. On le forme pour devenir un véritable athlète.
Didier Chirpaz, directeur de l’Ecole Supérieure de Danse du Québec (mais il en
est de même dans les écoles françaises), valorise le travail physique
car pour faire des spectacles de trois heures et porter des femmes à bout
de bras il faut être extrêmement puissant. Ils sont assimilés à des sportifs de
haut niveau par la technique et la performance.
En raison de
ces préjugés il est plus difficile pour les compagnies de ballet de recruter
des éléments masculins. On constate que leur recrutement est peut-être moins
sélectif que chez les filles. Les grandes écoles et compagnies seront prêtes à
récupérer un élément prometteur alors que pour les danseuses, vu le nombre
important se présentant aux auditions les critères seront beaucoup plus
sévères.
Les
nouvelles techniques de danse comme le hip-hop vont créer un déverrouillage de l’accès
à la danse. A Suresnes en région parisienne existe au mois de septembre une
série de spectacle mêlant hip-hop et technique classique. Les danseurs de
hip-hop vont se confronter à des danseurs classiques chacun apportant à l'autre
son expérience. Certains garçons du milieu hip-hop vont se mettre au classique
pour parfaire leur propre technique.
Comme il a
été dit sur l'axe précédent, le cinéma peut permettre de démontrer l'absurdité
des préjugés. On a pu constater que lors de la sortie du film BILLY ELLIOT, les
écoles de danse ont vu affluer un nombre plus important de garçons.
Voici une
première interview de Ruddy S., élève au CNED et élève au Conservatoire
National Supérieur de Danse (CNSM) de LYON:
-Qu'est ce
qui t'a amené à la danse et à quel âge tu as commencé ? : J'ai découvert la
danse grâce a ma sœur, j'ai tout de suite adoré, je me suis donc inscrit à
l'age de 12 ans, dans un cours de modern jazz, puis de jazz et enfin de classique.
Je suis actuellement au CNSM de Lyon où je pratique le classique et le
contemporain.
-Il a
beaucoup de garçon dans ton cours ? : Dans mon ancienne petite école nous
étions seulement deux, au CNSM nous sommes 8 en cours de 1er année.
-As-tu
caché à tes amis que tu dansais ? : Non, car je n'ai vraiment pas
honte de faire de la danse.
-Que penses-tu
du fait, que beaucoup de personnes pensent que la danse n'est pas faite pour
les garçons ? : Je leur dirai de venir essayer un cours et ils verront que c'est
très bien fait pour les gars et que sans eux il n'y aura pas de pas de deux.
-Qu'on dit
tes parents quand tu as décidé de danser: Ils ont été contents, je pense. Ils
m'ont directement soutenu et le font encore.
- Qu'est-ce
que tes amis en ont pensé ? : Ils ont trouvé ça plutôt cool.
-As-tu perdu
des amis à cause de la danse ? Non, je n’ai perdu aucun ami.
-As-tu eu
des réflexions désobligeantes ? Oui, surtout au début, on me traiter de PD.
-Comment
vois-tu ton avenir dans la danse ? Je ne peux pas te répondre pour l'avenir
mais j'espère devenir professionnel et enseigner cet art.
-Quels sont
les ballets que tu aimerais danser et aimerais tu travailler avec un
chorégraphe en particulier ? J'aimerai danser Don Quichotte ou dans Le Faune.
-Penses-tu
que c'est facile, pour un garçon, d'assumer le fait d'être danseur? : Ca dépend
pour quel garçon, moi je l'ai tout de suite assumé car j'aime énormément
la danse et je n'ai vraiment pas honte d'en faire. Et qui dit danse, ne dit pas
forcément classique.
Voici une
seconde interview de Bannour J, un garçon qui aurai voulu s'inscrire à un cours
de danse classique :
-Aimes-tu
vraiment la danse, si oui pourquoi: Oui, j'aimerai en faire surtout pour
devenir souple.
-Pourquoi tu
ne peux pas en faire ? Mes parents ne veulent vraiment pas, ils disent que
c'est pour les filles et ne veulent pas que je devienne un tapette (ce qui est
mal vu dans ma religion). Je pense qu'ils auraient honte de dire qu'ils ont un
fils qui danse.
-Que pensent
tes parents du métier de danseur ?: Ils disent que c'est seulement réservé aux
filles et pensent que tous les garçons qui en font sont forcément des PD.
-A quoi
est-ce dû ? : Principalement à ma religion, qui est contre l'homosexualité.
-Tu voulais
t'inscrire à la danse, en aurai-tu parlé autour de toi, pourquoi? : J'en aurai
parlé seulement à mes amis proches. J'aurai trop peur de perdre des amis et
qu'on m'insulte.
-Penses-tu
qu'un danseur est nécessairement gay? : Non ils sont loin d'être tous gay.
-Penses-tu
qu'un jour tu pourras danser: Oui mais en cachette.
En
s'appuyant sur les axes précédemment traités, on peut dire qu’au départ la
danse masculine avait sa place et était reconnue par la société. On peut
remarquer que son image s'est ternie avec l'avènement du ballet romantique qui
a donné une importance énorme à la ballerine, le danseur n'étant là que pour la
mettre en valeur. Le romantisme a féminisé le monde de la danse. Depuis le
danseur essaie de retrouver sa place. On peut considérer qu'il y réussit sur
scène grâce aux nouvelles techniques de danse et aux chorégraphes
mais il n'est pas encore arrivé à changer son image.
Il est à
souhaiter que dans l'avenir les garçons puissent pratiquer l'art de la danse
librement sans être importunés par des idées toutes faites.