source photo FNAC
Thomas Lebrun - Composition savante et culture populaire en danse contemporaine (et vlan !)
Un ouvrage tout entier consacré à l'univers du chorégraphe Thomas Lebrun, directeur du CNC de Tours, alliant pour les 20 ans de sa compagnie le savant et le populaire avec humour.
« Thomas Lebrun », portrait d’un chorégraphe à la trajectoire strictement excentrique
L’ouvrage, réalisé sous la direction du journaliste Philippe Verrièle, revient sur les pas du directeur du Centre chorégraphique national de Tours et sur la transformation de son corps en un « outil de subversion », qui « dynamite les conventions ».
Livre. Excentrique et strict. Entre
les deux, commençons par l’excentrique. C’est sous ce jour-là, fantaisiste,
débordant, que nous est d’abord apparu le danseur et chorégraphe Thomas Lebrun,
directeur du Centre chorégraphique national de Tours depuis 2012. Vite, le côté
strict a surgi pour tempérer et même carrément tordre l’image de l’artiste.
On se souvient de pièces follement
burlesques comme Le Show/Un twomen show (2000), conçu en complicité avec le
Suisse Foofwa d’Imobilité ou encore La Trêve(s) (2004), show pour princesses en
mode gueule de bois. Et lorsqu’on les juxtapose avec des spectacles intensément
graves, dont La Jeune Fille et la mort (2012), Lied
Ballet (2014), créé au Cloître des Carmes dans le cadre du Festival
d’Avignon, ou encore Mille et une danses (pour 2021), cette fibre comique
se déchire pour laisser transparaître une rigueur nette.
Cette personnalité apparemment
tiraillée, dont les humeurs se jouent des antipodes, est auscultée sous tous
ses aspects dans le livre intitulé Thomas Lebrun (éditions Riveneuve,
180 pages, 25 euros), sous la direction du journaliste Philippe Verrièle.
Le sous-titre, Composition savante et culture populaire en danse contemporaine
(et vlan !), réverbère cette tension présente dans l’homme et son œuvre,
aujourd’hui riche de plus d’une centaine de spectacles. Découpé en quatre
séquences dont la troisième explore précisément la « danse comme culture
populaire », cet ouvrage tangue joyeusement entre différents auteurs
(Amélie Blaustein, Christophe Martin, Antonella Poli, Nathalie Yokel,
Christophe Apprill et Sophie Lesort) sur les traces de Lebrun chaloupant entre
les styles et les identités.
Un « physique hors normes »
Son humour et son sens de la dérision,
qui appartiennent, selon Verrièle, à la « veine carnavalesque » dans
ce qu’elle implique de « retournement des valeurs et usages de référence
dévalorisés par la culture dominante », sont portés par un corps loin de
la minceur standard du danseur. Et c’est « ce physique hors normes »,
transformé en « outil de subversion » qui « dynamite les
conventions de façon bien plus radicale que les affirmations en réalité
infiniment plus conventionnelles sur le respect des genres ou les différences
ethniques ».
source le monde
Un livre sur Thomas Lebrun aux
éditions Riveneuve
EN LIBRAIRIE DÉS LE 21 SEPTEMBRE ET
DISPONIBLE AU CCNT !
21/09/2023 - 10H00
Nous avons le plaisir de vous informer
de la parution de "Thomas Lebrun : composition savante et culture
populaire en danse contemporaine (et vlan !)" aux éditions
Riveneuve.
Édité dans la collection "L'univers d'un chorégraphe", dirigée par
Philippe Verrièle, journaliste, critique et écrivain, cet ouvrage dévoile le
parcours chorégraphique de Thomas Lebrun en croisant regards personnels,
critiques et écritures diverses. Le tout est accompagné de 40 photographies de
Frédéric Iovino. À découvrir au plus vite !
Dès ses premières œuvres,
disons La trêve(s) (2004), critique aussi décomplexée que déjantée
d’une certaine vie à la lumière de la télé, Thomas Lebrun déroute le milieu
chorégraphique qui n’aime rien tant que les catégories bien claires pour bien
ranger les artistes. Or, Thomas Lebrun déborde, passe les bornes et met un soin
méticuleux autant qu’aléatoire à ne jamais répondre aux injonctions. À peine
a-t-il satisfait la tendance actuelle à interroger les formes de danses
sociales, posant un regard ironique et tendre sur la faune des discothèques
avec Les rois de la piste (2016) que la doxa se rue sur
l’opus pour en souligner combien, dans la lignée des fameuses Soirées What
You Want ? (2006) du même trublion, il pose de questions à la musique
populaire et à son usage… Ce qui réjouit la critique, ravie que ses catégories
s’appliquent et que Thomas Lebrun appartienne au genre populaire et rigolo !
Donc, immédiatement, le même Thomas Lebrun crée sur une partition de Philip
Glass : Another look at memory (2017), formidable composition
chorégraphique qui, à partir d’un travail sur la sédimentation du geste dans le
corps des interprètes, recompose l’espace à partir de ces mêmes corps… Le genre
de contrepied stylistique pas possible ! Lui répond en substance qu’entre ses
raffinements et ses plaisanteries, il n’y a pas à choisir ! Parce que choisir,
c’est se restreindre et parce que c’est comme cela… C’est ainsi que Thomas
Lebrun développe l’une des œuvres les plus passionnantes de la danse
d’aujourd’hui parce qu’à la fois d’une qualité de texture gestuelle rare et
d’un humour théâtralisé autant que potache délicieux et précieux. Une œuvre qui
se nourrit savamment de culture populaire, rit des préciosités savantes et
mérite d’autant plus l’analyse.