lettres à un jeune danseur
Comprendre
Un grand immeuble comprend une centaine d’appartements, chaque
appartement ne peut pas comprendre un immeuble.
Les humains veulent « comprendre » Dieu mais le GRAND
reste incompréhensible pour le petit.
L’Amour seul permet au petit de s’élever pour de brefs moments
au niveau de l’incompréhension qui cependant est si proche de nous.
La prière chrétienne dit : « Notre père qui êtes aux
cieux. » J’aime mieux le Coran qui déclare : « Il est plus près
de toi que ta veine jugulaire. » Il est là, il n’y a rien à comprendre,
rien à posséder, rien à attendre et surtout pas d’une vie future. Saisir le
présent, présent, présent… Surtout lorsque tu danses, totalement, il est là, le
seul, l’unique, le multiple.
« Je ne pourrais croire qu’à un dieu qui saurait
danser. »
UN
Les religions dites polythéistes multiplient à l’infini les
manifestations de la divinité, il y a le dieu du feu, le dieu du tonnerre, la
déesse du printemps, le dieu du vin, celui de la lumière, etc. Toute
classification, en effet, aide les professeurs et les ménagères à mettre ce
qu’ils appellent de l’ordre dans ces forces qui les dépassent et où ils
recherchent une divinité à l’échelle de l’homme qui, sûrement, n’existe pas, du
moins de la manière dont nous, humains, pouvons la concevoir.
Il en est de même en danse où chaque jour des
« spécialistes » trouvent une nouvelle terminologie pour définir
telle ou telle forme de mouvement et créer du même coup une chapelle, une
secte, une exclusion.
La danse est UNE et en mouvement.
Toute découverte en entraîne une autre sans abolir le passé, qui n’est pas démodé mais, un pas franchi et non aboli, nécessaire à une évolution constante d’un art qui est celui de l’éphémère, du renouveau, du fragile, du profond puisqu’il est l’art de l’instant et que seul l’instant existe. Mais basé sur la connaissance intime de cet instrument qu’on n’a pas fini de découvrir, d’analyser : le corps humain ou l’esprit de manifeste.
Toute découverte en entraîne une autre sans abolir le passé, qui n’est pas démodé mais, un pas franchi et non aboli, nécessaire à une évolution constante d’un art qui est celui de l’éphémère, du renouveau, du fragile, du profond puisqu’il est l’art de l’instant et que seul l’instant existe. Mais basé sur la connaissance intime de cet instrument qu’on n’a pas fini de découvrir, d’analyser : le corps humain ou l’esprit de manifeste.
Les classifications en danse ont créé une sorte de racisme et
Dieu sait si le racisme, absurde théorie, empêche toujours une vision,
évolution véritable.
Il n’est de grande période artistique que de métissage, entre
un passé retrouvé et un nouvel horizon découvert entre un pays découvert et un
passé réactualisé, entre des cultures et des techniques en apparence
antagonistes mais en réalité complémentaires :
Naissance
Renaissance
Je suis contemporain, post-africain, pseudo-classique,
minimo-japonisant, moderno-argentin, folklorico-rétro et indo-petipatiste…
Vive la Danse
Et maintenant, je dois t’avouer que je ne suis pas sûr d’être
chorégraphe… je suis même certain de ne pas l’être car il m’est impossible
d’imaginer le moindre mouvement de danse sans savoir qui va l’exécuter. C’est
l’interprète qui, avec son corps, sa psychologie, sa puissance émotive vient
susciter, exciter mon imagination et me lancer dans ce mouvement qui,
contrairement aux apparences, vient de son génie et non de ma créativité.
Je ne sais ce que c’est qu’une « arabesque ». Je
n’ai jamais vu d’arabesque (oui, je l’ai souvent répété) mais j’ai vu Mme X et
M. Y exécuter cette forme que les danseurs nomment « arabesque ».
J’aime mes interprètes à la folie et, plus cet amour est
profond, plus le résultat a de chance d’être une réussite. J’ai raté de
nombreux ballets mais je ne crois pas avoir jamais raté une danseuse ou un
danseur !
Toi… Sois « l’artisan furieux » que chante René
Char.
Lutte, travaille et envole-toi !
Salve !
« Celui qui apprendra à voler aux hommes de l’avenir aura
déplacé toutes les bornes ; pour lui, les bornes mêmes s’envoleront dans
l’air, il baptisera de nouveau la terre, il l’appellera « la
légère. » »