Il impressionne par sa technique flamboyante et son intense présence scénique - il mesure 1,92 mètre -, Hugo Marchand, danseur étoile de l'Opéra de Paris, émeut surtout par la sensibilité de ses interprétations. Dans son livre Danser (1), il raconte ce que signifie vivre pleinement une passion. Cette autobiographie romanesque, rédigée avec l’écrivaine Caroline de Bodinat, nous emporte dans les coulisses de la scène et de sa vie.
Madame Figaro. - Dans ce livre, on partage vos émotions,
vos doutes et vos interrogations sur le néant, l'inconnu. Danser aurait
pu s'intituler Vivre… Qu’est-ce qui vous a amené à l'écrire ?
Hugo Marchand.- J'avais 23 ans quand les Éditions Arthaud m'ont appelé
pour me proposer ce projet. Je ne me sentais pas légitime pour faire un livre
sur la danse, mais j'aimais l'idée de raconter ce
que signifie commencer un métier aussi jeune et le vivre. J'ai écrit pour
partager le cheminement émotionnel et intellectuel de cet apprentissage. Il m'a
fallu plus de trois ans pour écrire Danser. Ce livre a été thérapeutique.
J'ai replongé dans des souvenirs, des challenges, des années aussi dures que
belles…, j'ai beaucoup pleuré, ri, revécu des émotions très fortes.
Un jour avec Hugo Marcand
"À l'âge de 9 ans, j'ai ressenti un besoin viscéral de me
tourner vers la danse. Je ne l'explique pas vraiment." Un jour avec le
danseur étoile Hugo Marchand.
Hugo Marchand, le quotidien d’un danseur étoile
La danse, le travail, la scène, le traque, les séances de kinésithérapie… Brut a suivi le danseur étoile Hugo Marchand le temps d’une journée.
« À l’âge de 9 ans, j’ai ressenti un besoin viscéral de me tourner vers la danse », raconte Hugo Marchand. Pendant ses années de collège, il a été victime de moqueries. « Ça arrivait toutes les semaines qu’on me traite de pédé, de tapette, de tafiole, parce que j’étais danseur. Ce sont des blessures d’enfant. Maintenant, ça ne me touche plus », affirme le danseur. Désormais, il est professionnel.
La blessure, un cauchemar professionnelÀ 13 ans, Hugo Marchand a intégré l’école de l’Opéra de Paris. Aujourd’hui, et depuis mars
2017, il est danseur étoile. Cette nomination a été une surprise pour lui :
« Certaines fois, pour les nominations, il y a des petits bruits [de
couloir]. Moi, je n’avais pas vraiment eu d’indices. J’étais tellement ému que
presque anesthésié », se souvient le danseur.
Plusieurs fois par semaine, Hugo Marchand se rend chez le kinésithérapeute. « La pire chose qui puisse m’arriver, en termes professionnels, c’est de me faire une grosse blessure. La blessure, c’est un deuil. Il faut accepter, et ça prend du temps. Mais souvent, on en revient meilleur, parce qu’on apprend à travailler différemment », assure-t-il.
« Le grade d’Étoile rend seul »
Lorsqu’il y a des spectacles, Hugo Marchand danse devant 3.000
personnes. Il décrit ses moments comme « très effrayants ».
Néanmoins, il ressent aussi ces prestations comme des moments de liberté :
« J’ai l’impression d’être totalement moi, je ne me pose pas du tout la
question de qui je suis, et je n’ai pas de doutes sur ma personne. Ça met
beaucoup de sens dans ma vie de danser sur scène. »